Un ZOOM, une soirée dans un bar, un temps plus long en Tiers Lieu, trois occasions d’explorer les chemins possibles vers un futur désirable à partir des 5 questions posées par la Fresque du Buen Vivir :
- Quelles seraient les FONDATIONS d’une société plus juste ?
- Quels sont les modes d’ACTION, les méthodes pour avancer ?
- Sur quels TERRAINS ça s’expérimente, se vit, se prépare ?
- Qu’est-ce qui doit MOURIR, de notre mode de civilisation actuel ?
- Qu’est-ce qui peut (RE)NAITRE, de nos meilleures façons de faire société ?
Nous sommes partis à chaque fois d’une fresque vide que les participant.e.s complétaient à partir de leurs propres expériences, aspirations. Sans aucune autre consigne que « ce qui vous vient à l’esprit, il n’y a pas de bonne ni de mauvaise réponse, pas de définition stricte de chaque catégorie… ».
L’historique de la fresque était parfois proposée avant l’exercice collectif, parfois après. L’important est de ne pas en montrer les détails pour ne pas influencer les participants, tout en ouvrant le champ aux « changements globaux de la société dans les 5 – 50 – 500 ans qui viennent ».
Dans l’espace de l’Albergerie, un traveling entre la version « historique » d’avril et le résultat du travail collectif du 3 août :
(publication vidéo attendue)
Vous trouverez plus bas les compilations des « 5 quadrants », mixant les productions des différentes rencontres de l’été reprises sous la forme Klaxoon, non hiérarchisées.
J’en retiens quelques enseignements à la fois sur le processus d’animation et le contenu.
- Laisser un peu de flou sur ce que représentent les 5 axes permet une expression plus libre, chacun⸱e proposant des mots et expressions selon sa sensibilité, son expérience, qu‘il s’agit d’accueillir sans jugement.
- Il est heureux que nous ayons été peu nombreux à chaque fois, car le simple exercice de recueil (les post-it en silence), puis de relecture collective (explicitation, premiers rapprochements entre propositions) prend déjà du temps. En plus grand groupe, il faudra trouver des formes d’animation qui permettent aussi l’expression orale de chacun.e.
- Laisser les propositions dans leur imperfection relative et leur propre logique de classement montre aussi les cheminements de pensée, les différences de sensibilité, et cela fait aussi partie du recueil (jardin sauvage moins maîtrisé)
Un second temps d’échange qui permettrait de reformuler, reclasser, s’accorder sur ce qui est « fondamental » et « souhaitable » par exemple, ce qui est plutôt un « objectif » ou un « moyen », se justifierait surtout pour un groupe qui veut continuer le travail sur sa propre fresque (clarifier les notions, trouver des sources d’information, des exemples de mise en œuvre…).
On passerait alors d’un travail d’expression / exploration à une phase de rationalisation / organisation visant une meilleure compréhension collective et peut-être un passage à l’action coordonné sur certains terrains. Ce serait la vraie dimension « éducation populaire » de la fresque.
- Une partie de la production permet d’enrichir la « fresque de référence » qui peut ainsi garder sa propre cohérence (vocabulaire, organisation)
- Une exploration critique de cette dernière demanderait, elle aussi, un temps spécifique, à ce stade elle reste plutôt un « exemple » que les participant⸱e⸱s peuvent consulter après coup si ielles le souhaitent. C’est pourquoi elle n’est montrée rapidement qu’après la coproduction du jour.
A l’Albergerie nous n’avons pas uniquement travaillé autour de la Fresque, nous avons aussi beaucoup discuté entre nous, regardé quelques documentaires qui ont nourri notre réflexion (et parfois aussi enrichi la fresque). Il y a du potentiel pour un travail plus approfondi d’exploitation de ce qui est proposé par les participants, en particulier de réflexion sur les scénarios / récits / actions qui mettraient en cohérence une partie de ces ingrédients :
Quelles actions permettent l’émergence concrète de 2 ou 3 items de ce qui doit renaître, sur quels terrains (spatiaux ou culturels), en mobilisant quels acteurs avec quelles méthodes, et en quoi cela permet de diminuer l’influence de ce qui doit mourir, et est-ce que cela contribue bien à renforcer les fondations qui nous tiennent à cœur ?
A partir de cette grille, chaque action collective (politique, sociale, éducative…) ou geste individuel prend sens dans une perspective plus large, plus systémique. La conscience de cette appartenance à une dynamique humaine plus large, inappropriable, mais cohérente, est à mes yeux l’intérêt principal de cette exploration collective.
Me reste à ce stade la même interrogation que pour les cercles de rencontre Tiers Lien sans thématique imposée : comment faire participer les personnes éloignées de ce genre de discussion, voire éloignées des valeurs humanistes qui transparaissent des premiers échanges (« problème » des bulles sociales que je touche jusqu’ici), dans quels lieux « installer » des fresques en libre-service avant une rencontre collective pour les regarder ensemble ? Mes prochaines expériences seront probablement dans des lieux publics, institués (MJC…) ou non (places, parcs).
Vous êtes invité.e.s à vous emparer du principe, à votre façon. Initiez des conversations là où vous êtes, en réutilisant la trame proposée ou en tentant des formulations différentes, n’hésitez pas à prendre contact avec moi pour continuer à diversifier et mutualiser ces expériences. Tout est à disposition en licence libre (CC-by-SA), ni copyright ni certification d’animateur. Juste un lien à conserver pour mieux mutualiser.
SI vous n’avez pas participé à l’une de nos rencontres, je vous suggère de remonter au début de l’article et répondre pour vous-même (et par écrit) aux 5 questions posées avant de jeter un coup d’œil à la façon dont les participants de cet été ont répondu. Tous vos commentaires sont bienvenus, (mais modérés), via le formulaire en bas de page.
En guise d’avertissement, un aveu de modestie : Je ne prétends pas avoir réinventé l’eau chaude, il n’y a peut-être là pas grand chose de nouveau pour les pros de l’éducation populaire. J’ai croisé d’autres formes de fresques très intéressantes lors du Festival de la Décroissance à Saint-Maixent-L’école, j’espère vous en rendre compte un jour prochain. Certaines ont déjà leur place dans celle du Buen Vivir, les autres y arriveront, avec les autres approches d’Educ Pop….
Et voici donc les « jalons » posés par les participants sur ce chemin vers le Buen Vivir. Moi, ça me donne envie de prolonger la conversation. Pas vous ? :
En essayant de caser dans la fresque d’ensemble la question du temps, je réalise que ce n’est pas juste un « ingrédient » comme les autres à ajouter à ce qui peut (re)naître, mais qu’il est une condition pour que les autres cœurs puissent battre : temps du soin, temps des corps, temps de l’économie, temps du service, temps du vivant que nous ne pouvons accélérer (même si quelques apprentis-sorciers s’y essaient à coup de biotechnologies ou de chimie…). La « relation apaisée au temps » devient donc en ce 6 août la 4e fondation du Buen Vivir. Un grand merci aux participant⸱e⸱s du 24 juillet !