Si vous souhaitez créer vos propres cercles « récurrents », pour des groupes destinés à se revoir plusieurs fois, nous vous proposons quelques repères pour :
- Créer un groupe, définir son cadre
- Vérifier la convergence ou au moins la compatibilité des intentions des participants
- Se préparer à expérimenter un ou des « protocoles » d’échange pendant les rencontres.
Ces propositions ont été rédigées pour les cercles de côtoyens « ouverts », portés par des individus, des lieux, des structures sans autre enjeu que celui de contribuer aux liens interpersonnels et sociaux. Elles restent pertinentes mais doivent être reformulées pour des cercles dans des contextes professionnels (entreprises, associations).
Précision (2023) : Pour les cercles « découverte », vous pouvez faire abstraction de ces propositions et faire « au plus simple », trouver les moyens pour que chacun(e) soit confortable et rassurée sur les intentions de chacun, l’accès à la parole, la confidentialité.
Cette présentation extensive ne se veut pas un cadre rigide s’imposant à tous les groupes. L’important est que les initiateurs du cercle s’approprient ces suggestions pour les adapter à sa situation spécifique, à ses membres, et retiennent le minimum nécessaire à partager pour assurer la sécurité des participants.
Nous suggérons des échanges sur du temps court, typiquement 2 sessions de 30′ pour les expérimentations, ou 1h30 pour un cercle « institué » où plus de temps est offert à chacun(e), afin d’aller à l’essentiel. Un temps de convivialité avant / pendant / après reste évidemment possible voire recommandé !
Créer un groupe, définir son cadre sur la durée
Pour créer un cercle de côtoyens il suffit de 5 ou 6 personnes qui souhaitent ouvrir de temps en temps leurs fenêtres sur le monde d’autres humains,
Inflexion 2023 : J’avais écrit en 2000 : « 5 ou 6 personnes qui souhaitent échanger sur le monde qu’elles souhaitent voir advenir[…]. » Aujourd’hui, j’insiste plus sur la partage d’expérience, de traces de vie, que d’idées ou d’incitations à l’action, qui peuvent être présentes mais comme « bénéfice secondaire » de la rencontre, qui se suffit à elle-même.
Les participants conviennent entre eux de la fréquence et de la durée des rencontres qui leur conviennent, et éventuellement des modalités pratiques (où, avec quels outils si à distance…). Nous recommandons au minimum 1h15.
Lors de la première rencontre le groupe précise ses propres règles, en s’appuyant si besoin sur la charte du côtoyen, notamment la durée de vie du groupe, les règles d’entrée / sortie éventuelles. Un scénario simple : On se voit 7 fois, puis chacun va continuer son chemin, et peut-être l’un des participant proposera-t-il quelques mois plus tard de relancer le groupe avec ceux qui le souhaitent, et éventuellement de nouveaux membres.
Le cadre matériel peut aussi être coconstruit, qu’il s’agisse de l’un des lieux « habituels » de rencontre ou de lieux proposés par les participants : comment l’espace, sa décoration, sa lumière, son confort peuvent mettre chacun à l’aise ? Comment assurer boisson et éventuellement de quoi se sustenter ?
Dans un contexte professionnel il peut être pertinent de choisir quelques règles communes à plusieurs groupes pour faciliter l’expression des intentions des porteurs du projet de changement et financeurs, et l’évaluation du dispositif.
Vérifier l’intention commune générale
Intention générale : ne pas se précipiter, prendre le temps de se regarder, sentir que nous sommes là les uns avec les autres, les uns pour les autres. Peut-être prévoir un rituel, un temps de silence, un « sas » pour se désencombrer de nos soucis quotidiens et « arriver » vraiment, corps et émotions disponibles pour le groupe.
Humanisme sous-jacent : chaque personne a une forme de sagesse tirée de son expérience de la vie, quel que soit son parcours et ses diplômes. Cette sagesse spécifique peut être très utile, surtout à ceux qui ne voient pas le monde avec les mêmes yeux. Il n’y a pas de hiérarchie au sein d’un cercle.
Attribution de quelques rôles (tournants) pour faciliter les échanges :
Il est souhaitable que l’un des membres du groupe soit volontaire (à tour de rôle) pour être le « gardien du temps », légitimé pour signaler au groupe le temps qui passe, éventuellement à l’un des participants qu’il prend beaucoup de temps (le faire avec doigté demande aussi de l’entrainement). Néanmoins chacun est totalement coresponsable du temps qui passe, du temps pendant lequel il conserve la parole, de son souci de la passer aux autres. Nul ne doit compter sur le gardien du temps pour l’interrompre.
Un autre membre du groupe est invité à prendre le rôle de facilitateur / animateur, dont la mission principale est d’assurer que chacun s’exprime, apporte sa contribution et respecte le protocole choisi. Voire à certains moments proposer des temps de silence pour que chacun puisse réfléchir / ressentir ce qui se passe, ce qu’il est important de partager…
Tout le monde n’est pas « coach professionnel », les membres du groupe sont là pour apprendre ensemble, l’invitation au soutien mutuel s’applique aussi à ces rôles. De plus chaque participant est aussi légitimé à signaler des attitudes qui peuvent nuire à la dynamique du groupe.
Lors de la première rencontre, vérifier que chacun a bien compris les règles communes du groupe, notamment la confidentialité, la nécessité d’éviter l’expression de jugements les uns sur les autres, voire d’autres règles que le groupe souhaite se donner (partage ou non des coordonnées, engagements, lieux de rencontre…). Y revenir lors des rencontres suivantes si l’un des participants le demande. Peut-être aussi partager « ce qui m’a conduit ici, dans ce groupe ».
Choisir une méthode d’échange
Des rencontres informelles et des échanges « à bâtons rompus » peuvent être agréables, mais ne produisent pas sur la durée de transformation personnelle et collective aussi profonde que des échanges qui développent nos qualités d’écoute et de présence mutuelles. Autrement dit de réels apprentissages, implicites et explicites, à travers l’expérience de rencontres « différentes ».
Plusieurs processus structurant des échanges puissamment transformateurs sont proposés dans la rubrique suivante : « les outils du côtoyen ». Dans un premier temps l’initiateur ou le facilitateur du groupe peut choisir celui qui lui semble ajusté au groupe et aux circonstances. Progressivement, les participants pourront proposer d’expérimenter d’autres approches.
Avant d’explorer ces méthodes, vous pouvez vous reporter à la page dédiée à la mise en place de cercles dans des contextes professionnels, pour en comprendre les enjeux et précautions spécifiques :