La charte du côtoyen

Partie 1 – Le « credo » du côtoyen

L’humanité est à un tournant de son histoire sur cette planète, à une bifurcation possible entre la continuation d’un scénario de destruction progressive de la vie, porté par des modèles de comportement basés sur la concurrence des égoïsmes (des seuls intérêts privés, ou de « clans » défendant leurs pouvoirs), ou bien la réhabilitation d’une aventure humaniste redonnant un meilleur rôle à l’espèce humaine dans ses responsabilités face à l’ensemble de la vie sur terre, et de son propre développement vital, émotionnel, intellectuel, spirituel.

Des groupes politiques, militants, créatifs, contribuent à leur façon à changer ou faire changer les « règles du jeu » sur les terrains économique, social, environnemental. Mais il n’est pas certain que cela suffise compte tenu des pouvoirs en place et du temps qu’il reste pour accompagner cette bifurcation, et beaucoup de citoyens ne disposent pas des « codes », des connaissances, de la disponibilité (subjective), du courage ou de la vision pour s’engager dans cette voie.

Le lien social est l’une des valeurs fondamentales de l’existence humaine, seul antidote à la concurrence des égoïsmes, s’il s’agit de liens réellement « décloisonnants ». Nous voulons faire le pari que le renforcement des liens sociaux directs, de personne à personne, au cœur de petits groupes éphémères (les cercles de côtoyens) au cœur même des villes, des territoires, permettra à long terme de créer une société plus consciente d’elle-même, de ses ressources, de ses aspirations, et capable d’influencer le cours des choses dans le sens du vivant (santé, joie, sentiment d’appartenance et contribution, interdépendance et responsabilité…).

Apprendre à se relier les uns aux autres au-delà de ce que notre éducation nous a proposé peut être l’affaire de toute une vie. Le faire à l’échelle d’un territoire peut prendre plusieurs décennies, et ne toucher in fine qu’un pourcentage modeste de la société. Mais pour être 5 millions en 2050, il faut commencer par quelques groupes de 5 ou 6 personnes aujourd’hui.

L’engagement du côtoyen (ci-après), les propositions d’animation et les outils présentés ici fournissent quelques repères et propositions sur la façon de créer, entretenir ces liens. Il ne s’agit pas d’une « méthode » qui s’impose à tous, l’invitation à l’authenticité reste la seule règle commune.

Et nous voulons croire que le réseau des côtoyens constituera un réservoir croissant de personnes susceptibles de participer à l’établissement d’une société plus juste, plus inclusive, par leurs actions individuelles et collectives, avec toute leur intelligence humaine, sensibilité comprise, qui aura pris de l’assurance dans le cadre sécurisé des cercles.

Ceci est une utopie, qui peut devenir réalité si une poignée de personnes lui prêtent attention et acceptent de l’expérimenter. Elle ne demande aucune autre ressource que la bonne volonté de ses « pionniers ».

Partie 2 – Les engagements du côtoyen

En rejoignant un cercle de côtoyens, je m’engage à rencontrer régulièrement mon groupe pendant quelques mois, sans chercher à avoir un projet commun, simplement pour sortir de mon réseau habituel de relations sociales et découvrir des « vies différentes », s’entraider.

L’important est de s’écouter, se comprendre, se soutenir, pas de tomber d’accord ou se convaincre de ce que chacun « doit » faire dans sa situation. Chaque groupe trouve les lieux propices à une rencontre confortable et confidentielle (rien n’est répété sans l’accord explicite de la personne concernée). Voir plus bas « Quels lieux pour le lien ? ».

J’utilise le cercle comme un groupe d’apprentissage, grâce auquel je peux découvrir de nouvelles façons de voir, d’agir, utilisables dans d’autres circonstances de ma vie. Je n’utiliserai pas ce groupe pour imploser mes idées, chacun dans le groupe reste libre de ses décisions et actions suite aux rencontres. Chacun peut aussi exprimer dans le groupe les interventions qui lui semblent nuire à la qualité des échanges ; si je suis concerné j’accepte la critique et prendrai le temps d’y réfléchir sans me justifier dans l’immédiat.

Ainsi le groupe apprend aussi progressivement à mieux écouter et soutenir chacun de ses membres, à développer une réelle qualité de relations, pouvant inspirer chacun dans sa propre vie. Au démarrage notre groupe pourra demander un soutien pour s’entraîner à l’attitude juste facilitant ce lien désintéressé, des conversations « courageuses » (dans courage il y a cœur).

Nous déciderons ensemble si une forme de « retour d’expérience » éventuellement anonyme est fournie à la coordination (le « Tiers Lien ») et sur le texte (et d’éventuelles images) qui sera ainsi partagé. En particulier toute recommandation qui pourrait favoriser le développement des cercles de côtoyens, sur le fond ou la forme, pour améliorer ou compléter la présente charte.

Participer à un cercle de côtoyens demande de l’authenticité et du courage. Ces qualités peuvent se développer via la pratique et grâce au groupe. Il n’y a pas d’objectif de performance, de résultat.

L’une des clés de la réussite du Tiers Lien est probablement la capacité à définir et expérimenter les conditions de la confiance au sein d’un groupe qui n’a pas d’histoire commune au démarrage. Les cercles seront invités à compléter ces propositions en fonction de leurs propres besoins.

Pour faciliter la pertinence des cercles de côtoyens, nous proposons aussi de coconstruire une « boîte à outils » à disposition des participants, utilisable de façon autonome par les groupes ou bien avec l’aide d’un facilitateur

Quels lieux pour le lien ?

Les cercles de côtoyens peuvent se réunir où bon leur chante, en fonction de leurs contraintes géographiques et d’agenda. Au fil du temps il est envisageable d’identifier des lieux explicitement « accueillants » pour les cercles, prêts à proposer un cadre matériel et un environnement propice à des échanges confidentiels et sans perturbation extérieure :

  • Espaces associatifs et/ou culturels mis à disposition : maisons de quartier…
  • Cafés disposant d’un espace relativement isolé (ou isolable symboliquement, avec un paravent par exemple…)

Vous souhaitez accueillir un cercle ? Vous connaissez un lieu accueillant ? Merci de nous le signaler !