Les processus d’échange

Une méthode simple pour des rencontres « sans suite »

Les participants à des rencontres « ponctuelles » peuvent profiter de l’intérêt de la découverte mutuelle sans pour autant se sentir appelés à revoir les mêmes personnes. Dans le cas de ces rencontres simples, nous avons simplement besoin de proposer quelques règles partagées pour éviter des déséquilibres ou maladresses dans la prise de parole, sur le fond ou la forme.

Ces règles sont présentées dans le « discours d’ouverture« , qui rappelle également l’intention collective proposée.

Au-delà de ces règles, chaque groupe est invité à s’auto-réguler, avec le risque que parfois, sans facilitateur identifié, des attitudes critiquables soient repérées. Un temps de « debriefing collectif » permet de réguler ces incidents. Le jour où ça arrivera, l’expérience sera également tracée ici !

Des méthodes d’échange pour approfondir les liens lors de cercles récurrents

Le cercle récurrent est un cercle de dialogue dont les mêmes participants se retrouvent plusieurs fois pendant quelques mois, afin d’aller un peu plus loin que la découverte mutuelle, approfondir les relations, peut-être faire émerger un projet commun.

Pour que le groupe produise des effets sur ses participants (apprentissages, sentiment d’avancer…), il est utile de disposer de méthodes d’échange limitant les discussions « à bâtons rompus », qui finissent souvent par tourner en rond.

En complément des propositions qui suivent, de nouvelles pourront être imaginées, et seront partagées sur ce site Tiers Lien, pour constituer progressivement un patrimoine méthodologique commun. Sentez-vous libres d’exploiter les compétences disponibles dans votre groupe pour fonctionner autrement.

Un premier processus de dialogue « avancé »: Percevoir et ressentir ensemble

Ce principe d’échange est peut-être pertinent lors des premières rencontres du groupe, avant d’entrer plus concrètement dans les préoccupations de chacun (2e processus proposé ci-après), ou lors de circonstances particulières (comme la crise sanitaire que nous vivons au printemps 2020). La fréquence des rencontres peut être augmentée en cas de situation difficile pour les membres du groupe.

Découpage proposé pour une session d’une heure

  1. (Re)prise de contact, tour en 5 minutes : Chacun redit son prénom, d’où il vient (par ex.), et sa préoccupation / question du moment
  2. 3-5 minutes de silence, Se centrer – s’ancrer – ressentir – respirer ensemble avec la conscience de la présence mutuelle, colorée par ce qui vient d’être dit
  3. 30 minutes (N fois 5 minutes), chacun s’exprime à partir des questions suivantes : Comment vas-tu ? Que se passe-t-il autour de toi (famille, travail, groupes sociaux, communautés…) ? Quel est ton état intérieur au milieu de tout ça ? Quel est le « nouveau » qui commence à émerger ? Qu’es-tu invité(e) à lâcher ? (ces deux dernières questions semblent « inhabituelles » au début, leur profondeur se révèle petit à petit)
  4. 5 minutes de contemplation/ silence – Une fois que tout le monde a partagé… S’ARRÊTER, Inspirez. Expirez. Laissez les échos de chaque récit résonner et vous traverser. Prenez un temps pour remarquer ce qui vient en vous maintenant (à travers votre esprit, votre cœur, votre corps).
  5. 5 minutes : miroir. Chacun partage (sans commenter) l’image, le sentiment, la sensation, le dessin ou le geste qui lui est venu pendant le temps de silence ou l’écoute des récits.
  6. 5 minutes : Dernières réflexions – Prise de notes personnelles. Que vais-je faire au cours des prochaines semaines pour renforcer ma capacité à accueillir la situation et me préparer à ce qui émerge ? Noter toute idée, pratique ou inspiration à explorer au cours des semaines à venir. Partage.
  7. 5 minutes : Clôture – vérifier accord sur le prochain rendez-vous et sa durée, éventuellement nommer une intention / vigilance partagée à entretenir par chacun d’ici-là.

Dans ce processus, chacun se laisse toucher par ce qu’il perçoit des autres situations, ce que ces évocations éveillent en lui. Il partage son sentiment ou ses images, sensations du moment, à partir de l’expression du groupe, voire de ce que cela lui fait percevoir du « champ social » plus large dans lequel baigne le groupe.

S’il souhaite néanmoins faire référence aux paroles de tel ou tel qui l’auraient spécialement marqué, rester vigilant à ne pas formuler ce qui pourrait sembler une évaluation, un jugement, une opinion sur la situation ou la personne.

Ce « protocoles » d’échange est directement inspiré des pratiques des « cercles de solidarité sociale » expérimentés dans le cadre de l’initiative « GAIA ». Ces propositions, mises à disposition sous une licence Creative Commons par le Presencing Institute, peuvent être utilisées sans droits à payer.

Vous pouvez télécharger les documents de référence ici :

La version 2 demande sans doute un peu de maturité relationnelle dans le groupe, et un accompagnement par un facilitateur car elle fait appel à l’intelligence du corps comme accès au changement émergent (inspirée de la pratique du théâtre de présence sociale).

Ces deux démarches ont pour objectif principal de partager perceptions, sentiments, élans dans le contexte vécu par les participants (c’est le bouleversement induit par le COVID-19 qui a poussé le P.I. à diffuser ces outils plus largement). C’est à la fois un développement de la conscience de ce qui est présent aujourd’hui pour chacun, et d’accueil de ce vécu dans une vision plus large de ce que traverse l’humanité et la planète.

Ces deux propositions ne permettent pas d’aller regarder en profondeur les projets et actions de chacun. D’autres processus peuvent mettre le groupe au service de chaque participant, tout en conservant l’intention de l’écoute transformative, des reflets non intellectuels pour élargir la perception de chacun. Celui qui suit est également inspiré par l’expérience u.lab.

Un second processus de dialogue « avancé »: « tous pour un(e) »

Un premier principe général : chacun parle de soi à la première personne, de son expérience, de ses émotions, éventuellement de ses croyances et connaissances, et évite de parler en termes évaluatifs ou de conseils à une autre personne du groupe (tu…). Attention au piège qui consisterait à dire « je pense que tu… ou je ressens que tu… c’est une façon de tricher avec la consigne.
Voici un protocole de support en 6 étapes, durée 1 heure :

  1. Le « porteur du sujet » présente au groupe (en 10-15 minutes) ses aspirations personnelles et l’intention à propos de laquelle il souhaite être aidé. Le sujet doit être actuel, concret et important pour lui, et il doit y jouer un rôle précis. Plus la présentation est « incarnée », rendue vivante, plus elle va toucher le groupe sur des points importants. Il peut inclure ce qu’il perçoit aujourd’hui comme des limites personnelles. Donner les informations importantes sans se noyer dans les détails.
    Les autres écoutent vraiment, sans interrompre, en étant attentif aux images, métaphores et sensations que l’histoire évoque pour eux-mêmes (voir les niveaux d’écoute).
  2. Pendant 3 minutes de silence, connectez-vous à ce que vous entendez et ressentez au fond de vous, laissez venir et notez images, métaphores, sentiments, peut-être des gestes qui illustreraient mieux que des mots ce que vous ressentez.
  3. En 10 minutes au total, chacun à tour de rôle, sans discussion, partage les images/métaphores, sentiments ou gestes qui se sont manifestés pendant la période de silence ou la présentation. Tous les autres continuent d’écouter / ressentir avec attention.
    Le porteur du sujet donne au groupe un « retour » sur ce qui lui parle le plus, sur ce que ces réactions font naître en lui, notamment comme repères pour agir de façon « écologique » pour lui-même.
  4. Dialogue générateur (20 minutes) : Le cercle continue de se mettre au service du porteur du sujet, qui peut interroger le groupe sur ce qu’il souhaite voir approfondir. A ce stade, peut-être que des idées, des propositions concrètes peuvent trouver leur place, tant qu’il ne s’agit pas d’injonctions à agir d’une manière « faisant autorité », volontairement ou non.
  5. 10 minutes : clôture du sujet par les membres du cercle, le porteur de sujet s’exprimant en dernier, mettant en relief un ou deux points remarquables des contributions, remerciant le groupe.
  6. 2 minutes de silence pendant lesquelles chacun note pour lui-même les « enseignements » qu’il tire de ces échanges, pour la conduite de ses propres activités personnelles et professionnelles.

Cette présentation s’appuie sur le document traduit de la pratique « case clinic » par le Hub u.lab de Bruxelles (2015). J’ai préféré retraduire par « porteur de sujet » l’anglais « case giver ». Les praticiens du codéveloppement professionnel y trouveront des similitudes dans les rôles, et peut-être une inspiration qualitative pour certaines rencontres. Voir la page Des cercles professionnels ?