Le ZOOM Tiers Lien du 2 avril a généré des interrogations, ouvertures, réflexions imprévues que je souhaite partager avec vous.
En deux points pour le lecteur pressé :
- Le tiers lien ni « groupe militant thématique » ni « grand bazar fourre-tout » mais espace de vitalisation croisée entre initiatives, à partir de 4 points de départ à aborder lors de prochains échanges ZOOM
- Pour contribuer sans devenir un « café du commerce », un cadre méthodologique est utile pour garantir une écoute constructive. La Théorie U pourrait faire l’affaire.
La première surprise a été les retrouvailles joyeuses de deux ex-collègues qui s’étaient perdues de vue, contribuant à la chaleur humaine du moment.
Quelle « promesse » du Tiers Lien ?
Une première question de fond a été soulevée : faut-il proposer un but commun, une « promesse » du Tiers Lien, qui soit plus concrète et fédère plus qu’une intention aussi ouverte que « se rencontrer, se concerter pour améliorer le monde » ? Nous avons deux scénarios possibles :
- Identifier un « champ d’action » prioritaire et formuler une intention donnée a priori pour que s’y retrouvent celles et ceux qui y adhèrent, et que chacun sache d’avance quel but / résultat est visé par le groupe / la communauté ;
- Viser d’abord la création de liens interpersonnels entre citoyens de différentes cultures, activités, visions du monde pour d’abord se (re)connaître, partager vécus et expériences, puis partir de cette commune perception pour inventer comment ensemble coconstruire un « supplément d’humanité » là où nous sommes.
La première stratégie est déjà celle des nombreux clubs professionnels, des tiers lieux, des associations militantes, des think tanks spécialisés (technologies, science et société, démocratie participative, etc…), que le Tiers Lien n’a pas vocation à remplacer (je ne suis pas mégalo à ce point !) mais que nous pourrions explorer, relier, contribuer à diffuser. C’est déjà hénaurme, non ?
D’ailleurs la vision des acteurs déjà identifiés (voir un monde qui change) est déjà perçue comme « effrayante » par certains participants qui auraient peur de s’y perdre. La forme Mindmapping y est peut-être pour quelque chose, en attendant une vision plus artistique…
Nous percevons bien les limites de la seconde option. Qui, à part quelques retraités désœuvrés, répondrait spontanément à une invitation à se rencontrer, se découvrir à partir d’une intuition vague que le lien peut apporter du bien, et qu’un projet commun pourrait émerger « naturellement » de l’intérêt mutuel, voire de l’empathie générée entre les participants ? Pour beaucoup ce serait « perdre du temps si ce n’est pas aligné avec mes objectifs prioritaires ». Mais qui prendra le temps de regarder ce qui nous concerne tous mais n’est prioritaire pour personne, si chacun s’identifie à son rôle professionnel, ou de militant, ou à sa stratégie de réussite personnelle ?
La réponse pragmatique est sans doute entre les deux scénarios : ne pas espérer d’emblée embrasser le système dans sa globalité, le fonctionnement interdépendant des quatre grands axes décrits dans l’image d’entête de ce site, avec l’art et la nature au milieu, mais commencer par organiser des rencontres autour de chacun des thèmes, en s’autorisant ensuite à explorer les ponts avec les voisins…
C’est l’option que je propose donc à ce stade, voir le billet suivant :
ZOOMs thématiques du Tiers Lien
« Je me sens coincée, je voudrais être entourée de plus de gens comme moi ! »
Une seconde émergence de nos échanges a fait écho à ce cri du cœur d’une participante.
Mon questionnement : « Tu veux dire des gens qui pensent comme toi ? Pour créer du nouveau ? »
« Non, pas des gens qui ont les mêmes idées que moi, mais des gens qui acceptent de remettre en question leurs représentations, qui savent surtout écouter vraiment et s’intéresser aux points de vue des autres, aux logiques d’action de ceux qui ne voient pas le monde de la même fenêtre. ».
Le Tiers Lien est bien l’endroit, même s’il est surtout « en ligne » aujourd’hui, confinement oblige, où l’on peut rencontrer des gens « comme ça », ouverts à l’exploration sensible du monde en devenir grâce à des rencontres authentiques, et moins focalisés sur la certitude d’avoir raison et la volonté de convaincre.
D’ailleurs, l’un des outils mis à notre disposition par la théorie U, l’un des fondements (non exclusif) du Tiers Lien, le premier à cultiver, est la capacité d’une écoute profonde, pour accepter de remettre en question ou élargir notre vision du monde, puis de nous laisser toucher et transformer par l’autre. Sans savoir où cela nous mène.
Le dernier point que cette rencontre « sans programme » a permis, c’est justement de légitimer un peu l’intérêt d’un partage préalable des apports de la théorie U : vision des aspects systémiques des fractures économiques, sociales, environnementales, nécessité de « redescendre » à d’autres niveaux de perception et d’analyse, pertinence de démarches de cocréation faisant une large place au « cerveau droit », à l’intuition, à des formes plus larges d’inspiration.
En tout cas, même si nous n’étions guère nombreux, l’énergie tranquille du groupe m’a semblé fructueuse, à la fois stimulante et rafraichissante pour les participants. Peut-être l’atmosphère particulière de ce moment de confinement rend-elle plus possible ce type de rencontre que la période de frénésie habituelle. C’est donc le moment d’en profiter.
N’oubliez pas de rejoindre l’un des ZOOMs du Tiers Lien dans les prochains jours
Thierry
Une réflexion sur « Pour un projet rassemblant plus de gens comme moi ? Voyons voir… »